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Splendeurs et misères d'une fille (à peu près) normale
26 juillet 2014

Une autre vie est possible

Parmi les auteurs contemporains d'essais, Jean-Claude Guillebaud fait sans conteste partie de mon top 5. Son écriture tranquille teintée d'érudition, sa syntaxe intelligente, son vocabulaire précis mais sans ostentation, et surtout sa clairvoyance bienveillante sur notre monde, ont fait de lui un des hommes que je respecte le plus dans le cénacle des penseurs actuels.

Vie possible

Avec son nouvel opus, Une autre vie est possible, il change un peu ses paramètres puisqu'il se livre un tant soit peu, chose qu'il n'avait jamais faite auparavant. Grand voyageur, éditeur, intellectuel ayant fréquenté les cercles les plus fermés, il aurait pu tomber dans le cynisme ambiant et se repaître de mots vengeurs pour dire tout ce que le monde exhibe de laid. Au contraire, il met en avant dans ce livre toute la force de son espérance, et essaye de nous l'insuffler. C'est suffisamment rare aujourd'hui pour être considéré comme un acte courageux.

En outre, ce n'est pas en nous assomant avec des théories fumeuses ou des explications obscures que l'auteur brandit l'oriflamme de l'espoir ; bien au contraire : ce qu'il expose est précis, évidemment parfaitement documenté, d'une simplicité émouvante. Tout son art réside dans les conclusions qu'il tire de ses observations et de son savoir quasi encyclopédique, c'est à dire son intelligence. Car, de la même manière que certains voient dans un cercle une figure géométrique, d'autres voient un trou, d'autres, un symbole, d'autres encore une tache, etc, J.C Guillebaud, lui, nous montre avec brio que tout ce que nous voyons chaque jour autour de nous et dans les médias n'est pas forcément ce que nous croyons, n'est pas obligatoirement si noir que nous le pensons.

Il sait démontrer - sans jamais faire preuve de dogmatisme - combien l'espérance est possible, combien nous pouvons avoir confiance en notre monde. A condition, bien sûr, de garder en tête quelques comportements à changer...

Extrait p.119 : "Il est une phrase de Gandhi dont je ne me lasse pas : "Un arbre qui tombe fait beaucoup de bruit, une forêt qui germe ne s'entend pas". Ce demi-silence prometteur, j'aimerais le rendre audible. Partout autour de nous, un monde germe, mais l'attention qu'il faudrait lui porter est parasitée par le fracas du vieux monde qui s'écroule par pans entiers.

Extrait p.190 : "Notre conscience prélève donc ce qui conforte sa cohérence et écarte ce qui n'entre pas dans sa logique. Aujourd'hui le mécanisme barre la route aux informations qui contrediraient le pessimisme ambiant. Nous avons tendance à ne pas les voir, à ne pas les entendre, encore moins à les mémoriser. Au début de ce livre, j'incriminais la logique médiatique, qui, par vocation, privilégie le tragique, le catastrophique, le désespérant. Mais l'appareil médiatique n'est pas le seul responsable du pessimisme partagé. Chacun de nous y participe en laissant fonctionner les filtres cognitifs décrit plus haut. Nous n'arrivons pas à recevoir, à intégrer puis à transformer en conscience une bonne nouvelle qui nous viendrait du dehors. Or ces nouvelles rassérénantes sont plus nombreuses qu'on ne l'imagine."

Une lecture vivifiante, salutaire, qui devrait être remboursée par la sécu.

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Commentaires
Splendeurs et misères d'une fille (à peu près) normale
  • Oh My God, Oh mon Dieu ! Telle la ritournelle, la vie déplie ses stupéfactions et ses ronrons dans ces pages hétéroclites (forcément), épiques, parfois ésotériques, souvent romantiques, un brin philanthropiques, et, je l'espère, nullement soporifiques.
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