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Splendeurs et misères d'une fille (à peu près) normale
15 octobre 2013

Comment j'ai appris à lire

A vrai dire, comment j'ai appris à lire, je n'en ai pas la moindre idée. Comme tout le monde, j'imagine ; du moins, comme tous ceux qui n'en ont pas souffert. Ce n'est pas le cas d'Agnès Desarthe qui, dans son "Comment j'ai appris à lire" paru en 2013 chez Stock, nous raconte par le menu les affres qu'elle a traversés pour enfin devenir une lectrice heureuse. La dame est auteure en littérature jeunesse, pour ceux qui l'ignoreraient. Et même assez jolie :

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Mais, hélas, trois fois hélas, si le récit de sa passion pour le dessin de jupes à l'âge de 4 ans est amusant, si sa rencontre avec la poésie de Prévert, à l'adolescence, peut nous émouvoir ; si son combat inconscient contre l'intelligencia des lettres peut éventuellement nous donner à réfléchir, force est de constater que, malgré une prose assez agréable, la demoiselle aurait dû s'abstenir. Non pas d'apprendre à lire, mais de s'adresser à des lecteurs adultes.

En effet, dans sa tentative d'éclairer les mécanismes secrets qui font d'une personne un véritable lecteur (une véritable lectrice, en l'occurence), bien au-delà de la capacité technique de déchiffrage et de mise en relation au sens, elle ne fait en réalité que son introspection biographique. Il eut été plus honnête, semble-t-il, de rédiger purement et simplement ses mémoires, voire d'écrire une auto-fiction puisque la donzelle se plaît à détailler ses propres méandres psychologiques, dans l'instantanéité de l'écriture.

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Qu'on se rassure, je n'ai rien de personnel contre les auteur(e)s de littérature jeunesse. Bien au contraire, je bênis cette engeance qui permet à mes chers élèves d'envisager la lecture comme un plaisir, a contrario des oeuvres classiques considérées comme d'affreux pensums. Gloire soit donc rendue à ces écrivains sans gloire qui aident, dans l'ombre, des générations entières à surmonter leur peur ou leur dégoût de la lecture.
 En outre, la damoiselle écrit aussi des romans à succès, pour adultes, traduits dans moult langues (notamment pour son " Mangez-moi"). Une écrivain accomplie donc, si l'on en juge par la diversité de sa production.

Alors pourquoi aller se fourvoyer dans ce récit monotone et autocentré de ses difficultés en matière de lecture ? Pour nous éclairer sur notre capacité à aimer ce geste noble ? Pour convaincre les mauvais lecteurs que eux aussi, un jour, accèderont au Graal ?
 Louable dessein, sans doute. Mais résultat bien médiocre.

A sa décharge, Agnès Desarthe n'est pas une écrivain comme les autres. Elle est la fille d'Aldo Naouri, célèbre pédiatre qui, rappelons-le, incite les maris à violer leur femme quand celle-ci se refuse à eux... Célèbre pédiatre richement nourri de psychanalyse, dont l'influence se fait éminemment sentir dans le texte de sa fille (pas en matière de viol conjugal, fort heureusement). Là encore, on eût préféré une ode à papa, histoire de ne pas tromper le lecteur.

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Bref, vous l'aurez compris : malgré un style agréable qui ne se dément pas dans cet ouvrage, il n'y a qu'à passer son chemin.

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Commentaires
Q
Rô la laaaa, je suis complètement has been, moi, jamais entendu parler de cette personne.
Splendeurs et misères d'une fille (à peu près) normale
  • Oh My God, Oh mon Dieu ! Telle la ritournelle, la vie déplie ses stupéfactions et ses ronrons dans ces pages hétéroclites (forcément), épiques, parfois ésotériques, souvent romantiques, un brin philanthropiques, et, je l'espère, nullement soporifiques.
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