Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Splendeurs et misères d'une fille (à peu près) normale
28 juillet 2014

L'élixir d'amour

Je vous avais parlé il y a quelques mois du roman d'Eric-Emmanuel Schmitt intitulé Les perroquets de la place d'Arezzo, pour en dire plus de mal que de bien.

Je crains de devoir réitérer quelque peu avec ce nouvel opus, paru en 2014 chez Albin Michel.

9782226256195g

La question que pose l'auteur dans ce roman épistolaire est la suivante : "L'amour relève-t-il d'un processus chimique ou d'un miracle spirituel ? Existe-t-il un moyen infaillible pour déclencher la passion, comme l'élixir qui jadis unit Tristan et Iseut ?".

Deux amants qui viennent de se séparer tentent plus ou moins de répondre à la question, via des mails. Parallèlement, on suit leurs parcours amoureux, lui résidant à Paris, elle au Canada. Hélas, on n'échappe à aucun cliché : l'homme, en bon prédateur épicurien, s'adonne aux joies de la chair avec des demoiselles de passage, avant de tomber éperdument amoureux d'une belle étrangère qu'il sait ne pas pouvoir garder dans ses filets. L'amante délaissée, elle, après un long célibat en forme d'ascèse cathartique, s'éprend d'un garçon qui semble "bien sous tous rapports". On est très loin de Tristan et Iseut, la passion dans ces pages ressemble à s'y méprendre à un article de Marie-Claire, qu'on pourrait intituler "Savez-vous gérer la jalousie ?".

Car au fond il ne s'agit que de cela dans le roman de l'écrivain : Louise, l'amante exilée au Canada pour soigner ses plaies amoureuses, liées justement aux "incartades" de son grand amour, le machiavélique Adam, s'inspire très largement des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos pour faire revenir à elle celui qu'elle n'a cessé d'aimer, malgré sa blessure narcissique. Et pour ce faire, elle use de la plus éculée des ruses féminines : la jalousie. En y ajoutant un zest de cruauté toutefois, puisqu'elle s'arrange pour provoquer et détruire une relation entre son ex et une de ses collègues, histoire d'infliger à celui qui l'a blessée une bonne claque narcissique, en retour.

Au final, aucun des personnages ne s'élève au-dessus de la médiocrité habituelle, et le thème annoncé est trompeur puisque l'élixir d'amour se révèle être une piteuse manipulation.

Disons que ce roman peut éventuellement déniaiser les jeunes pucelles échevelées qui voudraient se la jouer grandes dames, mais pour qui sait réellement ce qu'est l'amour, ce livre est à jeter dans les flammes. Eric-Emmanuel, décidément, tu deviens très décevant.

Publicité
Commentaires
Splendeurs et misères d'une fille (à peu près) normale
  • Oh My God, Oh mon Dieu ! Telle la ritournelle, la vie déplie ses stupéfactions et ses ronrons dans ces pages hétéroclites (forcément), épiques, parfois ésotériques, souvent romantiques, un brin philanthropiques, et, je l'espère, nullement soporifiques.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Splendeurs et misères d'une fille (à peu près) normale
Publicité